Une entreprise qui fait des affaires au Rhode Island a l’obligation de s’immatriculer au Secretary of State soit en s’immatriculant comme société étrangère ou en constituant une nouvelle entité juridique. Le terme « société étrangère » désigne toute forme corporative créée à l’extérieur de l’État du Rhode Island et inclut donc autant les sociétés des autres États américains que celles constituées à l’extérieur des États-Unis.
Savoir si une entreprise fait des affaires au Rhode Island ne peut être déterminé qu’au cas par cas. Une liste non exhaustive de critères qui ne constituent pas des activités d’affaires, lorsqu’aucune autre activité n’y est pratiquée, peut servir de guide. Par exemple :
- Être engagé dans une procédure judiciaire, administrative ou d’arbitrage ou bien être en processus de règlements de requêtes ou litiges ;
- Tenir des réunions d’actionnaires, de cadres ou d’autres activités internes de la société ;
- Avoir un compte en banque ;
- Disposer d’un bureau ou d’une agence pour le transfert, l’échange et l’inscription des sûretés de la société ou y avoir des fiduciaires ou dépositaires en lien avec ces sûretés ;
- Vendre par le biais d’un intermédiaire indépendant ;
- Solliciter et prendre des commandes, que ce soit par la poste, des employés, des agents ou autre, pourvu que les commandes soient acceptées à l’extérieur du Rhode Island avant de devenir des contrats ;
- Être lié, en tant que créancier ou débiteur, par des dettes, hypothèques ou sûretés réelles sur biens mobiliers ou immobiliers ;
- Garantir ou recouvrir des dettes ou exercer des droits hypothécaires ou liés à des sûretés réelles sur des biens garantissant les dettes ;
- Procéder à une transaction commerciale isolée qui est conclue à l’intérieur de 30 jours et qui ne se situe pas dans le cadre de transactions répétées de même nature ;
- Agir en tant que commandité d’une société en commandite (limited partnership) dûment enregistrée ;
- Agir en tant que membre d’une LLC dûment enregistrée.
De manière générale, plus les activités d’une société s’éloignent des critères mentionnés ci-haut, plus elle est susceptible d’être considérée comme faisant des affaires au Rhode Island et donc, d’être soumise à l’obligation d’immatriculation.
Le défaut de se conformer à cette exigence a pour principale conséquence que la société ne pourra intenter aucune poursuite devant les tribunaux du Rhode Island, ou devra suspendre ces dernières, ce qui peut causer des problèmes par exemple si une société canadienne a besoin d’intenter une action en paiement contre un client de cet État. La société sera de plus susceptible d’être contrainte, par requête du procureur général, de cesser de faire des affaires dans l’État jusqu’à ce que sa situation soit régularisée, en plus des frais et pénalités encourus par l’omission de s’immatriculer, ceci en plus des sommes qui auraient normalement été dues n’eut été le défaut de se faire. Elle pourra toutefois se défendre en cour et autant les actes posés que les contrats conclus en tant qu’entité corporative demeureront valides.
Une société faisant des affaires au Rhode Island sous un autre nom que son nom légal doit enregistrer un nom commercial ou fictif auprès du Secretary of State, en remplissant le formulaire disponible en ligne (Fictitious Business Name Statement), pour lequel des frais de 50$ US seront payables. Ce document mentionne entre autres le nom légal complet et les coordonnées du requérant, son secteur d’activité ainsi que le nom commercial proposé qui doit être en conformité avec les prescriptions de la loi.
Les permis et licences dont l’entreprise devra se munir dépendront de la nature de ses activités. Il est possible d’obtenir de l’information générale en ligne sur le site du Rhode Island Department of Labor and Training.
La section Renseignements fiscaux devrait également être consultée en ce qui concerne les obligations relatives au paiement d’impôts, perception et versement de taxes et autres obligations fiscales dont une entité, créée ou non au Rhode Island, pourrait devoir s’acquitter auprès des autorités fédérale (Internal Revenue Service) et étatique (Department of Revenue – Division of Taxation).
Une personne qui fait des affaires ou constitue une société au Rhode Island aura en principe l’obligation d’y nommer un agent à des fins de signification de la correspondance légale (registered agent). Ce dernier peut être soit une personne physique résidant au Rhode Island ou une entité juridique autorisée à y faire des affaires, mais l’agent doit dans tous les cas disposer d’une adresse et non d’une simple boîte postale. Afin de pallier aux obstacles que cette exigence peut représenter, des sociétés spécialisées dans le domaine offrent un service d’agent local. Un avocat canadien de commerce international saura également vous recommander les adresses dont l’expérience a démontré la fiabilité.
Agents et distributeurs
De nombreuses sociétés travaillent au Rhode Island avec des agents indépendants ou des distributeurs. La principale distinction entre les deux est que le premier agit à titre d’intermédiaire entre un fournisseur et le client final. Il sollicite des commandes et s’adonne à des activités de représentation, mais n’a pas l’autorité de conclure des contrats de vente (dont les modalités demeurent à la discrétion du fournisseur) ni celle de lier autrement celui-ci. Le distributeur, quant à lui, achète la marchandise du fournisseur et la revend pour son propre compte au client final, à des conditions qu’il détermine. Si le distributeur est indépendant de par les attributs de sa relation avec le fournisseur, il importe de s’assurer du caractère indépendant de l’agent par une rédaction soigneuse de son contrat et une organisation conséquente des opérations, dont la conclusion des contrats de vente à l’extérieur des États-Unis. À défaut, cela pourrait entraîner des conséquences fiscales et légales, dont la présomption d’une relation d’emploi et l’obligation de s’immatriculer au Rhode Island.
Le droit du Rhode Island accorde une grande flexibilité dans l’organisation des relations d’affaires avec les agents et les distributeurs, les activités de ces derniers n’étant réglementées que dans certains secteurs spécifiques telles les cartes de crédit. Les agents et distributeurs sont régis au Rhode Island par les lois commerciales généralement applicables tels l’Unfair Sales Act et le Deceptive Trade Practices Act qui encadrent les méthodes de concurrence déloyale ainsi que les pratiques commerciales inéquitables ou trompeuses. L’Uniform Commercial Code (UCC), une loi modèle adoptée par presque tous les États américains, dont le Rhode Island, impose quant à lui le devoir de bonne foi et de conduite honnête des affaires par les parties à tout contrat auquel il s’applique, dont les contrats de vente de biens mobiliers. En ce qui concerne ces derniers, la forme écrite y est notamment requise pour la validité de tout contrat d’une valeur de 500 $ US ou plus, sauf si les biens ont été fabriqués spécialement pour l’acheteur, ou que leur livraison ou leur paiement ont été acceptés par l’une des parties. Une attention particulière devrait être portée aux modalités et conditions dans le cadre de contrats de vente entre commerçants (merchants) formés par échange de formulaires standards (par exemple, soumissions, bons de commande, purchase orders, etc.). L’UCC prévoit en effet que les termes contenus dans l’acceptation de l’offre feront partie du contrat, sauf si l’autre partie s’y oppose expressément, que l’offre initiale s’en trouve ainsi substantiellement modifiée ou que cette dernière mentionnait explicitement qu’elle était limitée aux modalités qu’elle contient. L’inclusion d’une telle mention dans les documents d’offre et de soumissions relève donc de la bonne pratique pour les entrepreneurs canadiens, dans la mesure où l’UCC s’applique à leurs transactions.